L’émotion structurée


Dominique Jézéquel est un artiste brestois discret. Son travail est épuré, dépouillé, le support de ses œuvres se trouve réduit à sa plus simple expression, mais l’ambition reste forte : faire passer de l’émotion. « Tout mon travail consiste à donner à la couleur les moyens d’agir, et au spectateur les conditions pour la recevoir d’une manière réfléchie et émotionnelle. » Son obsession pour la couleur date du début des années 90. Son expression repose aujourd’hui sur des suites de tableaux, où quatre bandes de couleurs forment un accord. « Chaque accord est conçu comme un tableau dont le sens est dépendant de la juxtaposition des quatre couleurs, qui agissent comme un ensemble. Pourquoi quatre couleurs ? Parce que c’est nécessaire, et suffisant», dit-il. Une apparente simplicité révélant, pour qui s’attarde un peu, une vraie puissance émotionnelle. Et chaque tableau se tient, cohérent, structurant une émotion parce que construit à l’aide de couleurs choisies à l’instinct, grâce à une perception, à un moment donné. Depuis peu, ces accords se présentent sous la forme de vidéoprojections. Des suites de tableaux projetées directement sur les murs. Autant d’espaces de couleurs qui immédiatement provoquent une tension, captent le regard, suscitent  une forme d’introversion, voire la méditation. La force de la couleur est ainsi révélée, au-delà de l’esthétique, pour se transformer en langage. Celui de Dominique Jézéquel.
 
Jacques Léonus pour Pen ar Bed