" L’horizon la mer ", Passerelle, Brest, été 2000.
Dominique Jézéquel est le peintre de la concision, mais aussi de
l’affût. Ses œuvres binaires, faussement monochromes, résultent d’une
lente exploration de la couleur. Le poète Eugène Guillevic disait qu’il
fallait faire une autre langue avec la langue, car toute langue est
étrangère. En creusant la couleur, l’artiste adopte la même démarche.
Il la fouille, force ses résistances, la débusque dans ses
retranchements, révélant ainsi des territoires inédits qui offrent au
regard une lumière très personnelle et d’une sensualité étonnante.
L’usage de l’huile lui impose de pactiser avec le temps, d’en faire un
allié précieux dans cette quête de la couleur. Ses retours récurrents
sur l’œuvre l’éclairent et le confortent dans sa recherche jusqu’à
l’équilibre final.
Ses œuvres offrent deux versants, l’un clair, l’autre sombre comme un
ubac et un adret qui concourent à leur unicité et à leur autonomie.
Mais sous l’onde apparente, on devine d’autres nuances, comme l’écho de
récits en creux. Dans ses dernières toiles, la couleur a gardé l’élan
du geste et les diagonales contribuent à léguer au regard le tangage du
monde maritime.
Alain Le Beuze, texte pour " l’horizon la mer ", Passerelle, Brest, été 2000.